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  • camilleberreur

« Sauvetage en haute mer : puissance de la vulnérabilité ? »

Nouvel épisode de mes aventures au pays de la guérison !


Depuis des années, dans les milieux de la thérapie et de la spiritualité où je navigue, j’entends parler de « la puissance de la vulnérabilité ».

Presque comme un slogan, une promesse qui revient régulièrement. A chaque fois je suis très intriguée, je perçois comme une vérité cachée là dessous sauf qu’en vrai je ne comprends pas. Comment ça marche ? Quelle puissance pourrait naitre de la vulnérabilité ?


Dans vulnérable, j’entends proie potentielle. Je regarde la définition, Larousse me confirme « qui est exposé à recevoir des blessures, des coups ». Une gazelle face à une lionne, un oiseau face à un tigre : là oui ils sont vulnérables, ils vont clairement se faire bouffer s’ils restent trop près des prédateurs affamés. Ce n’est pas en connectant leur part vulnérable qu’ils vont s’en sortir vivants !


Alors je continue à expérimenter, à chercher cette connexion entre les deux.


Hier, tout à coup un éclairage.


Je participe à un stage autour du féminin. Je ressens tellement d’accueil, de chaleur humaine, d’amour dans le groupe qu’une part de moi très blessée se montre pour la première fois. Elle est si mal en point, agonisante, plus morte que vivante, que je ne l’avais encore jamais rencontrée. Trop dangereux, trop de douleur sans doute pour mon système jusqu’alors. Elle était en off, anesthésiée sous la surface, comme congelée - cryogénisée ! - attendant l’occasion d’être secourue.

Je la sens d’abord corporellement dans une méditation puis je la partage au groupe, en mode torrent de larmes, gros sanglots.


Après mon partage, la femme qui encadre le stage me dit « merci pour ta vulnérabilité ».

Je ressens comme une fausse note.

Est-ce que je me sens vulnérable ? non.

J’ai mal, je ressens de la douleur ça oui beaucoup, mais pas de la vulnérabilité dans le sens où je me sens exposée à recevoir des attaques.

Au contraire : j’ai hyper confiance en les femmes qui m’entourent. Elles sont droites, ouvertes, à l’écoute.

Ce ressenti de grande sécurité invite mes zones de terreur, de mort et d’abandon à remonter à la surface de ma conscience.


Je réalise que la source de la puissance n’est peut-être pas tant la vulnérabilité que l’Accueil.


Leur accueil inconditionnel envoie le message à ma part blessée qu’elle peut désormais renaître à la vie. Trop moche, trop triste, trop désespérée pour être aimée se disait-elle. Jusqu’à ce jour où il y a en moi et autour de moi une rive suffisamment solide pour tendre la main à celle qui se noie dans le marécage du non-amour. Le soutien du groupe fut indispensable, essentiel. En sortant j’avais toujours besoin de soutien pour accueillir la douleur qui continuait de jaillir. C’était le moment de faire ce que je ne fais jamais - par fierté ou par peur d’être justement trop vulnérable ? - j’ai appelé un ami, en larmes, pour qu’il m’accueille. Ce qu’il a fait. Sans conseils, sans essayer de me faire changer d’état, me rassurer ou me dire mais non c’est pas si grave. Il a accueilli, écouté, entendu. Au passage je reçois la confirmation qu’un homme peut accueillir tout aussi bien qu’un groupe de femmes, joie !


La magie de l’accueil opère, j’en ressors avec une énergie et une joie décuplées. Je suis émerveillée par ce pouvoir alchimique de la rencontre avec la douleur. Comme si l’être emprisonné par l’expérience douloureuse pouvait enfin épousseter ses ailes, laisser couler la glace qui l’emprisonnait et se déployer librement, grandi par l’expérience.


Devenir son propre sauveteur.

Je comprends maintenant pourquoi j’étais aussi fan, enfant, d’Alerte à Malibu ! Il me fascinait ce Mitch Buchanan. Et bien voilà aujourd’hui je l’ai rencontré à l’intérieur de moi. Il plonge avec détermination pour ressusciter mes épaves.



Il donne même des cours de secourisme intérieur pour que vous alliez vous-même récupérer vos belles noyées. Ou en version Pamela & les rescapés selon vos goûts.

Pour moi la puissance n’est pas tant dans la vulnérabilité que j’ai envie de laisser au paradigme proies prédateurs, elle est dans l’accueil de la douleur.


Une puissance de résurrection.


L’accueil de toutes nos parts blessées, celles qui ont quitté le navire par peur, rejet, abandon, injustice, humiliation, trahison.


Une fois accueillies, elles reviennent à la vie et révèlent leurs trésors.


Avec cette sensation unique des rescapés du naufrage, plus vivants, sensibles et émerveillés par la beauté du monde.



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